Celui qui marche en tête tape le sol avec un bâton pour faire fuir les vipères. Trois ou quatre marmots suivent, en T-shirt et maillot de bain, bob ou casquette sur la tête. Chacun traîne derrière lui un demi bidon jaune canari.
L’ombre des saules est un soulagement. A leur pied la rivière rigole doucement la terre sablonneuse. Partout, rochers et cailloux affleurent. Des mains laborieuses les empilent, dégageant un étroit canal navigable. Les rais de soleil qui parviennent à percer la canopée ricochent sur les poissons en éclats vifs et mouvants.
On lance à l’eau les bidons, et les enfants embarquent, tachetés de lumière, éclatant de rire. Leurs mains en guise de rames, ils mettent difficilement en branle leur navire. Puis l’eau se fait plus profonde et l’on peut laisser voguer, sous le regard si doux des vaches venues chercher, elles aussi, un peu d’ombre. Soudain l’un des aventuriers crie au serpent. Était-ce une couleuvre d’eau, ou un bout de bois porté par le courant ?
Le soir, quand ils chanteront le récit de leur expédition autour du barbecue, ce sera un crocodile.
Image : Eugène Montézin
Commentaires
Enregistrer un commentaire