Je souhaite à tous les poissons rouges de quitter leur bocal à toutes les fourmis ouvrières de s’émanciper à toutes les vaches d’être sacrées à toutes les chauves-souris d’être enfin des oiseaux à tous les éléphants de pouvoir oublier à toutes les sardines d’être un jour celle qui bouchera le port de Marseille à tous les cochons d’Inde de trouver leur girafe
Crédit image : Nick Knight Perdue dans ses réflexions elle a presque oublié la cigarette qu’elle tient. Mais bientôt elle lèvera les yeux vers les volutes de fumées, pour une chercher une solution, la solution. Elle y verra un enchevêtrement de formes qui reflète celui de ses pensées. Elle a espéré que la première cigarette du matin — ou est-ce la dernière de la nuit ? — lui éclaircirait l’esprit. Mais le tabac ne parvient pas à dissiper les vapeurs d’opium. Au contraire, il s’y mêle, accroît leur effet. Elle secouera la tête pour dégager des yeux presque aussi violets que son manteau. Mais sous la fulgurance de la couleur, son regard restera opaque, plongé à l’intérieur d’elle-même, plongé dans le souvenir de cette nuit, de toutes les nuits, qui se mêleront comme un film au montage chaotique. Est-ce cette nuit qu’elle a décidé de le quitter ? Cette nuit qu’elle l’a vu pour la première fois ? Cette nuit qu’elle a compris qu’elle ne resterait jamais plus...